Françoise, dès que tu as su que tu avais une maladie d’Alzheimer, tu as exprimé vouloir mourir dans la dignité.
En mai 2019 à un petit déjeuner tu pleurais et voulais disparaître, tu ne pouvais plus lire, parler était devenu difficile, et ton équilibre était précaire, mais tu avais gardé toute ta conscience, tu étais en prison.
Françoise, j’ai fait mienne ta volonté, j’ai recherché tous les moyens de la réaliser.
Des consultations en France y compris dans les centres de fin de vie et en Suisse ce sont révélées pour certaines désespérantes.
Fin de non-recevoir ou escroquerie.
Ce n’est que par hasard que j’ai découvert un médecin, qui, après avoir reçu ton dossier médical, nous a convoqués pour une consultation au cours de laquelle il a accepté ta volonté.
Nous sommes retournés le voir pour deux consultations supplémentaires avec deux confrères et c’est parce que ce collège de trois médecins a donné un avis favorable qu’il nous a été permis de fixer une date.
Tu aurais aimé choisir le 16 novembre date de ton anniversaire, mais compte tenu de l’aggravation récente de ton état, j’ai préféré choisir une date plus proche, et la suite des évènements m’ont donné raison.
Une nouvelle chute, cette fois dans la cuisine, a été responsable d’une fracture du cotyle, fracture non grave dans un contexte différent, mais t’obligeant à circuler dans l’appartement avec une chaise roulante, la nuit avec un déambulateur et, bien sur, mon aide.
Nous sommes allés à Liège en ambulance, le train prévu n’étant plus possible.
Nous avons réussi, l’ambulance est bien arrivée à Liège, et nous avons été très bien accueillis.
Le docteur t’a demandé la veille, puis le jour même deux fois si tu voulais toujours disparaître et tu as dit oui.
Qu’elle volonté tu as eue, toi qui ne supportais pas le définitif.
Toute la famille était là, puis nos deux garçons et moi sommes restés pour l’injection.
A Liège nous étions encore en pleine épidémie de Covid, nous n’avons pas eu le droit d’aller à la morgue.
Nous sommes tous rentrés en train.
Plus tard à Paris, tout s’est effondré, et j’ai commencé à me culpabiliser...
Aujourd’hui, je ne me sens plus responsable, et tu es, Françoise toujours présente.
Bernard MEYER